Guide pratique touristique
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Id�es voyages pour partir d�couvrir la Russie

Que faire à Moscou, suggestions de sorties et 5 règles à suivre

Moscou, de prime abord, déconcerte. Bouscule. Rebute. Trop vastes, les carrefours. Trop larges et trop longs, les boulevards, qu’on ne peut traverser que par de sinistres passages souterrains, où des types s’agglutinent pour boire de la bière Baltika. Trop massifs, les immeubles. Quelconque, le fleuve ; et les rives, insipides. Pas de plan. Pas d’unité. Pas d’intimité. Parce qu’elle était la capitale des tsars et le foyer de l’Yintelligentsia, Lénine n’aimait pas Saint-Pétersbourg ; ce fut la chance de cette ville, que d’avoir été dédaignée par le chef de la Révolution et par ses successeurs. Ils la laissèrent décliner, mais subsister, intacte. Ils n’y détruisirent rien, n’y construisirent rien, transportèrent la capitale à Moscou et transformèrent Moscou en métropole, vitrine et phare du socialisme mondial, au prix d’altérations si radicales, que l’ancienne ville a presque entièrement disparu.

J’ai commencé par me sentir étranger à Moscou. Je ne lui trouvais aucun charme. Je ne savais où m’arrêter pour faire une pause dans ce tohu-bohu gigantesque. Toujours à marcher sur ces interminables avenues ! Toujours à piétiner parmi ces foules plus denses qu’à New York ! Seuls moments de répit : la descente ou la montée des escaliers mécaniques, dans le métro. Là, au moins, on est isolé sur une marche ; les escaliers ont beau être beaucoup plus rapides qu’à Paris, ils descendent à une telle profondeur, qu’on a le temps pendant le trajet de regarder à loisir ses voisins ou de lire plusieurs pages d’un livre. Peu à peu seulement j’ai appris à aimer Moscou. Voici quelques règles pour l’apprivoiser, s’y sentir mieux :

Moscou

 

Primo. Ne pas chercher ce qu’elle ne possède pas, ou ne possède plus. Ni charme ni poésie.

Se laisser séduire par ce qu’elle possède plus qu’aucune autre ville : l’énergie, la puissance. Flot incessant des automobiles, des piétons. Etalage de l’argent. Arrogance de l’argent : 80 % de la richesse russe serait concentrée à Moscou. La vie est très chère. Un café, dans un bar convenable, coûte l’équivalent de trois euros. Partout éclatent l’impudence et la brutalité des poches pleines. Paris au temps de Balzac et surtout de Zola devait présenter le même visage. Spéculation, esprit d’entreprise (le nombre des « consultants » en toute espèce est vertigineux), mafia, mépris du respect humain, cynisme, impatience de réussir par tous les moyens : oui, Moscou au début du xxie siècle évoque ce que Paris était à la fin du xixe, sans compter le surcroît de puissance qui résulte d’une population de près de quinze millions d’habitants Délicats et rêveurs, s’abstenir.

Secundo. Oublier, en particulier, ce qui faisait autrefois le double prix de Moscou, et qui ne survit que par bribes : l’aspect oriental dû à l’abondance dorée des églises et l’aspect campagnard dû aux nombreuses cours de village.

 

Tolstoï montre Napoléon fasciné par « les innombrables églises en forme de pagodes chinoises » de « la capitale asiatique de ce grand empire ». Custine se croit transporté à Persépolis, à Bagdad, à Babylone, à Palmyre. Selon Dumas, « une multitude de pyramides dorées et de clochers en forme de minarets dessinent sur l’azur des profès reluisants de soleil, un pavillon oriental, un dôme indien vous transportent à Delhi ». Plus près de nous, Knut Hamsun : « De la colline du Kreml nos yeux plongent dans un océan de splendeur. Je n ’aurais pu imaginer pareille ville sur terre ; flèches, coupoles, vertes, rouges, dorées, se dressant dans toutes les directions. Cet or, ce bleuissement dépassent tout ce que j'ai rêvé. » {Au pays des contes, 1903.) Sur huit cents églises, les communistes en ont rasé quatre cents. Beaucoup d’autres ont été endommagées, remaniées, défigurées. Celles qui restent sont souvent enfouies au pied de murailles de béton. Dès 1956, Malaparte, qui avait visité pour la dernière fois Moscou en 1929, notait le changement : « Une ville moderne, d'esprit européen, nordique, a surgi, pendant ces vingt- sept ans, là où se trouvait une ville orientale aux mille coupoles de céramique verte, rouge, jaune, bleue. » Bien peu a survécu, observe-t-il, « de la ville byzantine, tartare, Renaissance, baroque, néo-classique, de la ville qui sert de fond aux personnages de Gogol, de Dostoïevski, de Tolstoï, de Tourgueniev, de Tchékhov. Ce peu qui en reste forme un dur contraste avec les architectures ultramodernes du Moscou stalinien. J'ai eu la chance de connaître le Moscou antérieur à Staline, et de pouvoir comparer les deux villes : et à chaque pas je m 'aperçois que dans cette transformation extérieure réside l’explication aussi bien de la métamorphose intérieure du peuple russe que de ce que le stalinisme a été » {Moi, en Russie et en Chine, 1958).

En 1956 pourtant, faute de comparaison, Carlo Levi pouvait comparer encore Moscou à « une vaste campagne faite de maisons ». Revenant en 1954 dans la capitale après trente ans de goulag, le personnage de Tout passe, l’admirable roman de Vassili Grossman, était frappé par la transformation de la ville. « Des isbas, des potagers, de petites granges achevaient leur existence, pressés de toute part par l’énorme offensive de la pierre et de l'asphalte. » Pour le prince de Ligne, en visite à Moscou à la fin du xvmc siècle, « cette ville, qui donne quelque idée d’Ispahan à certains égards, à ce qu’on prétend, ressemble à quatre ou cinq cents châteaux qui seraient venus avec leurs villages sur des roulettes se réunir pour vivre ensemble » (Lettres à la marquise de Coigny, 1787). En 1927 encore, l’aspect villageois de Moscou frappait Walter Benjamin, qui a laissé un précieux témoignage sur ce que devaient être ces fameuses cours. « Si on entre par une quelconque porte cochère, on se trouve au début d’une cité spacieuse qui est souvent conçue si largement et en saillie qu'on dirait que l'espace ne coûte rien dans cette ville. Un domaine ou un village s'ouvre de cette façon. Le sol est inégal, les enfants circulent en traîneau, enlèvent la neige à la pelle, des remises pour le bois, les outils ou le charbon remplissent les coins, il y a des arbres alentour, des escaliers de bois ou des appentis rudimentaires donnent aux façades latérales ou postérieures des maisons qui se présentent du côté de la rue de manière très citadine l’allure d'une maison paysanne russe. Ainsi la rue grandit à la dimension d'un paysage. » De ces cours, il en reste quelques-unes, parfois dans des rues voisines des grands boulevards. Il faut passer sous une voûte - il n’y a plus de portes cochères - et explorer sans crainte ces mondes clos et protégés.

Moscou

 

Tertio. Se blinder le cœur chaque fois qu’on voit alignées contre un mur ou postées au bord d’un trottoir de vieilles femmes tenant un vieil objet dans la main et tentant de le vendre aux passants.

Sans gesticuler ni crier, comme c’était le cas, il n’y a pas si longtemps encore, à Naples, où la pouillerie elle-même prenait un caractère baroque et festif. Mais timidement, craintivement. La misère des nouveaux pauvres est aussi humble que la démonstration de force des nouveaux riches tapageuse. J’ai vu offrir une tasse, un hareng saur, un cadenas, une paire de chaussures usagée, des bibelots les plus variés. La vieille Russie, délogée par l’énergie des temps nouveaux, se vide sur les trottoirs de ses vestiges démodés. Les mains ridées, bleuies par le froid, soldent un passé révolu.

Quarto. Surmonter les préjugés qu’on peut avoir en matière d’architecture.

On m’avait dit : ces gratte-ciels de Staline, quelle horreur ! Il y en a sept, placés en ceinture autour de la ville comme des colosses aux aguets. Parce qu'ils ont été bâtis par un tyran, et pour symboliser la toute-puissance du tyran, faudrait-il les condamner ? Ce serait aussi judicieux que de se récrier devant les pyramides des pharaons ou le Versailles de Louis XIV, impures exhalaisons du despotisme. Ces gratte-ciels ont leur beauté, ils n’ont même que leur beauté pour eux, s’il est vrai qu’ils sont extrêmement inconfortables à vivre, le luxe totalitaire se caractérisant, comme tous les luxes, par le mépris de ce qui est utile. Précédés d’imposants propylées, flanqués de tourelles crénelées, surmontés d’une flèche gothique, puissamment illuminés la nuit, ils résument le formidable appétit de vivre de la nouvelle Russie et portent en majesté la gloire de sa démesure. À noter qu’ils n’ont rien de « moderne », si on les compare aux gratte-ciel fins et nerveux de New York. Ils sont lourds, ancrés dans le passé par leur masse laborieuse : moscovites, justement, d’un pays où « nouveauté » ne signifie pas « modernité ». Même remarque pour le métro, à la fois somptueux et d’un goût obsolète, avec ses bataillons d’ouvriers et de sportifs sculptés dans le bronze ou le marbre, ses lustres solennels, ses portiques, ses trophées de victoire. Des paysans enrichis n’auraient pas d’autre rêve.

Quinto. Se choisir ses propres itinéraires, à travers des quartiers plus ou moins connus.

On consultera avec fruit, pour commencer à s’orienter, l’album écrit par Olga Morel (Moscou, Imprimerie nationale, 2002), où cette Russe d’origine, qui a parcouru toute la ville à pied, classe les églises selon leur siècle. xvie : Ascension à Kolomenskoe, avec son clocher pyramidal choisi par Eisenstein pour une des scènes les plus fortes d'Ivan le Terrible. xvne : Trinité à Kitaï Gorod, Nativité-de-la- Vierge à Poutinki, Saint-Nicolas-des-Tisserands, Saint- Vladimir-des-Vieux-Jardins. xvinc, divisé en trois sortes de baroque : baroque Narychkine (Protection-de-la- Vierge à Fili, 1693, la plus étrange, composée en étages qui se rétrécissent vers le sommet, en brique rouge, les comiches de chaque étage étant blanches et ajourées) ; baroque Pierre le Grand (Saint-Jean-le-Guerrier, Archange-Gabriel) ; baroque dit « moscovite » (Sainte- Catherine, Saint-Clément-Pape). xixc : Christ-Sauveur, Sainte-Sophie. xxe : Saintes-Marthe-et-Marie. Les plus belles, évidemment, sont celles du Kremlin (mais construites par des Italiens !) : la Dormition (dont le modèle a été la Dormition de Vladimir), qui servait pour le couronnement des tsars ; l’Annonciation, pour les mariages et les baptêmes impériaux ; l’Archange, à usage de nécropole. Pour ce qui est du Christ-Sauveur, gros pâté le long du fleuve, l’histoire en est curieuse. Bâtie pour commémorer les victoires sur Napoléon, elle fut rasée sur ordre de Staline et remplacée en 1958 par une piscine ronde. On l’a aujourd’hui reconstruite, en un temps record, à l’identique, au même endroit, opulente et laide de près, faisant de loin un certain effet (comme la basilique de Montmartre à Paris). Apprenez quelques mots de russe pour vous guider dans la ville.

Ne pas négliger non plus les sept ou huit monastères survivants : par exemple Andronikov (musée Roublev), et surtout Novodievitchi, où Boris Godounov s’était retiré avant d’être réclamé par le peuple. Tout à côté, cimetière où sont regroupés les « héros de l’URSS » : aviateurs, généraux, ingénieurs, hommes politiques (Khrouchtchev), mais aussi écrivains (Fadeev, Maïa- kovski), musiciens (Scriabine, Prokofiev, Chostako- vitch, Sviridov, David Oïstrakh, Lconid Kogan, Sviatoslav Richter), chanteurs (Chaliapine, Lemechev), cinéastes (Eisenstein), hommes de théâtre (Stanislav- ski). On y découvre même les tombes plus anciennes d’Aksakov, Gogol, Tchékhov (la plus émouvante), Levitan.

À Moscou, on a du mal à trouver ce qu’on aime. Contrairement à Saint-Pétersbourg, la ville ne s’offre pas.

Le beau y est noyé dans une surabondance de laid. C’est le Milan de la Russie, comme Saint-Pétersbourg en est la Rome. Les Pétersbourgeois méprisent les Moscovites (des rustres, au dire de Nabokov), les Moscovites n’ont que dédain pour les Pétersbourgeois (des « provinciaux »). Une seule évidence de beauté, à Moscou : la place Rouge (ou Belle Place). De nuit, absolument magique. Et présentant un raccourci de toutes les contradictions russes. D’un côté le rempart et le palais du Kremlin. Du côté opposé, la masse non moins imposante, non moins sévère, des Galeries marchandes, magasin universel d’État sous les Soviets, le fameux Goum qui vendait de miteux vêtements socialistes, peint en vert-gris, repeint maintenant en blanc, transformé en centre du luxe, étincelant de boutiques ruineuses. Dior, Calvin Klein, Hugo Boss, Chanel, Kenzo font face au Kremlin, l’argent défie le pouvoir. Au fond de la place, silhouette extravagante de la cathédrale de Basile-le-Bienheureux, avec ses huit chapelles autour de la coupole centrale, chacune de forme, de hauteur, de couleur différente. Un bulbe est taillé en bossages, un autre en diamants, un troisième en ananas, un quatrième en écailles de poisson, celui-ci côtelé comme un melon, celui-là gaufré comme des rayons de miel. Jaillissement polychrome de neuf fleurs aux pétales fantastiques. Le pouvoir et le commerce sont régis par les lois rigides, seule la création artistique reste libre. Voir notre guide pour apprendre quelques mots de russe.

Devant le Kremlin, voici le mausolée de Lénine, que personne ne visite plus.

Bas, aplati, prêt, semble-t-il, à rentrer sous terre, après avoir été le but de dévots qui faisaient sur la place pendant des heures une queue canalisée par la police. Lénine en face de Dior et de Kenzo, qui ne désemplissent pas. Fallait-il tant de millions de victimes, tant de déportations et de massacres, pour aboutir à cette victoire écrasante de l’argent sur le mirage socialiste ?

La Russie aime ces contrastes forts. Lénine/Dior. Cathédrale et / ou piscine. A peu de distance du Kremlin, haut et revêche édifice de la Loubianka, siège de la police secrète et des tortionnaires soviétiques ; et, devant, le plus grand magasin de jouets de Moscou.

Mes itinéraires et mes lieux préférés.

Remonter, en partant du Manège, la rue Bolchaïa Nikitskaïa. On arrive bientôt au conservatoire Tchaïkovski, capitale mondiale de la musique. Deux salles de concert, dont la plus grande est splendide, avec l’orgue Cavaillé-Coll derrière la scène. En haut de l’escalier qui mène à la petite salle, plaques de marbre avec la liste des médailles d’or. On lit : 1946, Mstislav Rostropovitch. 1947, Tatiana Nicolayeva. 1948 : Sviatoslav Richter. Ce qui signifie qu’en pleine guerre les études musicales n’avaient pas décliné, et que les jeunes artistes, formés dans les conditions d’existence les plus désastreuses, continuaient à être les meilleurs du monde. À l’entrée droite du conservatoire, disquaire (il n’y en a que trois à Moscou). À l’entrée gauche, cafétéria et gâteaux excellents (ce n’est pas non plus si fréquent). Chostakovitch, qui enseignait ici, logeait dans la rue qui fait face.

En continuant la rue Bolchaïa Nikitskaïa, on passe devant le théâtre Maïakovski, puis l’opéra Helikon. Il y a des dizaines de théâtres à Moscou, et pas moins de six salles d’opéra. Celle-ci, très originale, ressemble à un grand salon carré. Les fauteuils sont disposés sur trois côtés, à angle droit. Pas de fosse : les musiciens, groupés devant la rangée du milieu, jouent au même niveau que les spectateurs. Une estrade, derrière l’orchestre, sert de plateau. La tendance est à la désacralisation des œuvres : mises en scène parodiques, mais très belles voix. La proximité de la salle et de la scène crée un nouveau rapport du public avec l’opéra. Les acteurs sont jeunes, drôles. Plus rien de distant, de compassé, comme dans les spectacles « classiques ». (On fait des expériences semblables dans la banlieue de Paris ; mais en banlieue justement, alors qu’ici je suis dans le cœur sacro-saint de Moscou.)

Il y a donc six salles d’opéra, mais, jusqu’au 30 novembre 2002, il n’y en avait que cinq : Bolchoï, Stanislavski, Nouvel Opéra, Helikon, Pokrovski. Le 30 novembre, le Bolchoï a inauguré une seconde salle, non pas dans l’enceinte de l’ancien bâtiment, mais construite de toutes pièces, avec hall d’entrée, vestiaire, buffet, etc., de l’autre côté de la rue. C’est un théâtre flambant neuf, un rien clinquant, avec des sols de marbre et des rampes dorées. Salle à l’italienne de neuf cents places, sous un plafond peint façon Bakst. Les fauteuils sont très confortables, avec appui pour la tête et beaucoup de place pour les jambes. La machinerie du Bolchoï étant obsolète, on a doublé l’ancien théâtre par celui-ci, dénommé « Nouvelle Scène », doté d’un équipement hydraulique et électrique dernier cri. J’y ai vu, le soir de l’inauguration, Snegourochka, l’opéra féerique de Rimski-Korsakov, dont l’atmosphère surnaturelle était suggérée par des images de vagues et d’ondoiements projetées sur un immense diorama. Jeunes et talentueux chanteurs, décors et costumes symbolistes, entre Bume-Jones et Roerich. Il est surprenant de penser que dans une ville déjà largement pourvue de scènes lyriques, on ait fait cette dépense somptueuse. Tout ce confort, tout ce luxe, pour le plaisir d’écouter de belles voix ! Quel autre pays, même dans un état économique bien moins calamiteux, serait prêt à se les offrir ?

Au-delà du boulevard de Tver, la rue Bolchaïa Nikitskaïa continue entre de beaux palais néo-classiques jaunes et blancs. La maison Art nouveau, dans la rue parallèle, a été habitée par Gorki de 1931 à sa mort, en 1936. Trop sophistiquée, trop à la mode pour cet écrivain issu du prolétariat et fidèle à ses origines. On se demande si Staline, qui la lui avait donnée, n’a pas voulu museler par cette installation si contraire à ses idéaux celui qui s’était surnommé «l’Amer». On le voit mal monter de bon cœur cet escalier tarabiscoté en forme de vague marine. (On se demande aussi si Staline n’a pas fait empoisonner cet homme probe qui après avoir salué la naissance d’un nouveau monde commençait à nourrir quelques doutes sur le pouvoir soviétique.)

Plus loin, sur la rue Sadovaïa, à droite, maisonnette où Tchékhov a écrit Ivanov et La Steppe.

Ceinture des boulevards verts. Du boulevard Pokrov- ski, à l’est, à la place de l’Arbat, à l’ouest. Merveilleuse promenade, surtout par temps très froid, quand le pâle soleil d’hiver effleure les façades pastel des anciens hôtels particuliers, utilisez les transports en commun. Ce sont de petites maisons, roses, jaunes, bleu-vert, souvent de deux seuls étages, agrémentées de pilastres, de colonnes, de frontons, parfois un minuscule pavillon isolé. On marche dans une sorte de long jardin, le milieu du boulevard étant occupé par une large allée sablée qui traverse une sorte de bois étiré, à l’abri des voitures. Commencer par le côté est, la plus belle partie. Après le boulevard Pokrovski, on longe les Etangs Purs, petit lac envahi de patineurs. Plus loin, on passe entre l’église de la Dormition de Petcht- niki et le monastère de la Nativité-de-la-Vierge, avant de rencontrer, sur la gauche, le monastère de Saint- Pierre-d’en-Haut, fondé au xive siècle, remanié au xvne par les Narychkine. Un portail-clocher rouge à bulbe d’or donne accès à l’enceinte qui contient deux églises, l’une aux bulbes recouverts d’écailles noires, l’autre aux coupoles vert pistache. Murs rouges. Tout au fond, après un passage voûté, on se trouve comme à la campagne : maisonnette basse derrière un pré. Un des derniers vestiges de ces cours champêtres qui faisaient le charme de Moscou. Boulevard Strasnoï, sur la droite, grand palais dont douze hautes colonnes scandent la façade. C’est l’ancienne demeure des princes Gagarine, bâtie en 1775, et devenue ensuite le Club anglais que Tolstoï a décrit dans Guerre et Paix. Natacha Rostov y rencontre le prince André. On continue, et les ombres des gloires russes qui ont habité dans les parages ou y ont lié un moment de leur histoire se lèvent à votre rencontre : Essenine, Dostoïevski, Pouchkine, Mandelstam, Platonov, Herzen.

Etang du Patriarche. A l’est du boulevard de Tver. L’endroit le plus poétique de Moscou. Au milieu d’une vaste place carrée cernée de beaux immeubles, image paisible d’un étang qu’entoure un petit bois. On se croirait dans quelque coin reculé de province. Café très sympathique, aux murs peints de vives couleurs, dans un coin. C’est sur cette place que Boulgakov a situé la première scène du Maître et Marguerite. Non loin de là, 10, rue Bolchaïa Sadovaïa, l’appartement qu’il habitait a été transformé en musée. Toujours fermé. Pourquoi ? Parce que, nous dit-on, trop de gens venaient, et « ça dérangeait ». De nombreux graffitis ornent le mur de la cour. Par exemple : « Maître, la vraie Marguerite logeait chez moi. » Dans l’ensemble, pourtant, les souvenirs des écrivains et des musiciens sont moins présents à Moscou qu’à Saint-Pétersbourg, font moins partie du tissu urbain et de la mémoire collective.

Marché Danilovski. Installé sous un chapiteau rond en ciment, au sud de l’ambassade de France. Je ne m’attendais pas à trouver à Moscou, ville « froide » et « fonctionnelle », une telle couleur, une telle cordialité. C’est que la plupart des vendeurs et des vendeuses sont du Caucase, du Sud. Merveilleux étalages, comme on n’en voit qu’à Païenne. Tomates confites, de quatre espèces, selon le degré de marinade ou de salaison. Elles vont du rouge sombre au jaune translucide, en passant par le vert pâle et le rose. Gousses d’ail confites, soit blanches, soit teintées de jus de betterave. Cornichons frais, à peine salés, à peine marinés, croquants, exquis. La marchande découpe de petits bouts de chaque variété pour vous la faire goûter. Inlassablement, elle tranche ses légumes et vous en tend un morceau. Même chose au comptoir du miel, où des dizaines de sortes sont présentées dans des bocaux de fortune. Rien à voir avec les miels français, souvent trop sucrés et trop fades. Ceux-ci sont corsés, forts, avec une pointe d’amertume. Certains mélangés avec du pollen ou avec une substance pâteuse tirée de la ruche. La marchande trempe un bâtonnet dans chaque pot et vous prie d’essayer les différentes variétés. Comptoirs des poissons frais : d’énormes bêtes, grosses comme dix carpes ; et des poissons fumés, esturgeon, saumon, vingt autres espèces, avec leurs œufs, dont on goûte aussi, d’une saveur admirable. Les fromages ne sont pas en quantité moindre, frais ou fumés, rappelant la mozzarella, la ricotta ou le provolone d’Italie. Bonne humeur, gaieté des marchandes, qui ne lésinent pas sur ce qu’elles vous offrent, même si vous n’achetez rien. Éponges tchétchènes, qui ressemblent à du crin, pour se frotter après le bain : en réalité, ce sont des branches d’un certain arbre qu’on a fait sécher. Les meilleurs moments de Moscou, les plus fortes impressions, je les ai éprouvés ici.

Comment se rendre en Russie

La Russie, ou plutôt la Fédération de Russie est accessible par voie terrestre, maritime ou aérienne. S'il est vrai que la voie aérienne est la plus simple et la plus rapide, il faut aussi savoir qu'il y également un train qui part deux fois en hiver, trois fois en été, de Paris pour se rendre à Moscou. En fait, il faut choisir son mode de déplacement en fonction du temps dont on dispose mais aussi du but du voyage. Néanmoins, il faut se rappeler que pour entrer en Russie, il faut disposer d'un visa et celui-ci est compliqué à se faire délivrer. En effet, il y a une procédure à suivre qui est très pointilleuse. Il faut donc prendre ses dispositions pour faire un visa pour la Russie à Paris et il y a deux façon de le faire.

Se faire accompagner par une structure agréée

L'obtention d'un visa pour entrer en Russie est réputé difficile. En fait, ce n'est pas exactement cela. La réalité est que son obtention est liée à une procédure qui est très réglementée et qui est très délicate à mettre en œuvre. En fait, s'il manque le moindre élément, les agents consulaires le refusent et il faut reprendre le dossier et revenir. D'un autre côté, lorsque le visa est obtenu mais qu'on ne présente pas les documents justificatifs du visa à l'entrée du pays, on peut se faire refouler à la frontière. Pour éviter tous ces inconvénients, la Russie a agréé une plate-forme qui accompagne les voyageurs dans l'obtention de leur visa. En effet, cette plateforme va faire les démarches en lieux et places des personnes désireuses de se rendre en Russie. Ceci va éviter les couacs du type refoulement à la frontière qui n'est malheureusement pas exceptionnel lorsque les voyageurs font eux-même les formalités relatives à leurs visa. Ainsi, l’utilisation de ce service va permettre à toutes les personnes concernées de gagner beaucoup de temps et de sécuriser leur voyage.

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