Guide pratique touristique
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Voyage dans le Transsibérien au départ de Moscou

La ville de Sergiev Possad,

Le joyau de la “couronne d’or”

En quittant Moscou, le “Rossia” roule lentement au rythme des trains de banlieue dans le paysage de la Moscovie traditionnelle : beaucoup de forêts de rivières et de lacs, et de nombreux villages d'isbas anciennes d'où émergent à nouveau les clochers des églises restaurées.

Au kilomètre 72, la ligne traverse la bourgade de Sergiev Possad, qu’on appelait Zagorsk aux temps soviétiques. Haut lieu de la Sainte Russie avec le célèbre monastère de la Trinité-Saini-Serge, cette bourgade sera notre première étape.

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Ce monastère appartient à l’anneau de fortifications qui protégeait jadis Moscou des hordes mongoles. C’est même la pierre mystique de cet ensemble qu'on appelle aussi “la couronne d'or de Moscou".

Dans un site exceptionnel, l'architecture atteint ici le sublime ! C'est une des quatre “Laures" de la Russie historique, c’est à dire un des quatre plus importants centres religieux du pays. Les autres Laures sont celles de Kiev, d’Alexandre Nevski à Saint-Pétersbourg, et de Volynie.

Le Vatican russe

L'importance de la Trinité-Saint-Serge est telle, qu'on la considère souvent comme le Vatican de l’église orthodoxe russe.

Sa muraille flanquée de onze tours fortifiées, édifiée au milieu du XVIème siècle, protégeait efficacement le monastère.

C'est sur cet emplacement qu'en 1340 s’était installé un jeune ermite, Serge de Radonège. “Au milieu des forêts, il partageait ses maigres repas avec un ours qui devint son ami, comme aux temps du paradis perdu".

Très vite une communauté va naître, et les disciples de Serge de Radonège vont porter la foi orthodoxe à travers tout le pays avant d'aller combattre la horde mongole.

Le monastère fut pourtant pillé et incendié par les Mongols en 1408, mais le corps de Serge fut retrouvé intact sous les décombres. Il sera aussitôt béatifié pour devenir Saint-Serge le “patron" de la Russie !

Le monastère, reconstruit sous le Patriarche Nikon devient alors un des grands lieux de pèlerinage du pays. Afflux de pèlerins, afflux d’argent ! Le monastère devient aussi le plus important propriétaire foncier de Russie, et comptera jusqu’à 120 000 serfs !

On pénètre dans l’enceinte du monastère par la Porte Sainte, pour découvrir son immense richesse qui s’extériorisera sans cesse par des constructions religieuses ou laïques exceptionnelles. 

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La Russie Orthodoxe

Une grande richesse spirituelle : Cathédrale de la Trinité-Saint-Serge

Le “centre” est sans conteste la Cathédrale de la Trinité-Saint-Serge, basse et trapue avec une seule coupole bâtie en 1422.

Elle abrite sous un dais le sarcophage en argent ciselé où reposent les reliques du Saint fondateur du monastère. La foule des pèlerins est si dense qu'il est souvent, bien difficile de s’en approcher.

À l'intérieur, l’iconostase est sacrée avec ses 42 icônes peintes par Andreï Roublev et ses élèves. Nombre de ces icônes sont aujourd'hui des copies. Les originaux sont dans les musées de Moscou. Les somptueuses fresques restaurées témoignent de l’œuvre de Roublev et de ses disciples.

Toute blanche, la cathédrale de l'Assomption, dont la construction commença sous Ivan-le-Terrible, fut achevée en 1585, un an après la mort de celui-ci. Elle compte quatre coupoles bleu ciel constellées d’étoiles qui entourent la cinquième coupole couverte d’or.

Juste devant, une élégante fontaine attire de nombreux pèlerins qui viennent s’y approvisionner en eau miraculeuse, alors qu’à côté se trouve le tombeau de Boris Godounov.

Un étonnant réfectoire baroque, un musée historique et les églises de la Descente du Saint-Esprit et de Saint Jean-Baptiste méritent aussi une attention particulière.

La richesse spirituelle du monastère et son rayonnement mystique, étaient au moins aussi grands que sa richesse matérielle.

Il abritait un séminaire, un institut de théologie, et des ateliers d'art où les moines peignaient les icônes ou ciselaient les métaux précieux.

Jusqu’aux XVIII et XIX siècles le monastère ne cessera jamais de s’enrichir de constructions nouvelles.

Il fut nationalisé en 1917, et transformé en musée au cours de l’année 1920.

Aujourd’hui rendu entièrement au culte après la longue parenthèse soviétique, le monastère a retrouvé son activité et son importance spirituelle qui témoignent du renouveau religieux du pays.

La Laure de la Trinité-Saint-Serge est un des plus grands joyaux de la vieille Russie, et les touristes sont toujours nombreux au milieu des pèlerins et des fidèles.

Alors les marchands du temple sont aussi revenus sur l'esplanade devant l’entrée du monastère. Dans un énorme déballage touristico-religieux, s'étalent les souvenirs en tous genres. Les traditionnelles poupées russes, les matriochkas, côtoient les bois-peints et les icônes d’hier et surtout d'aujourd'hui !

Le renouveau religieux en Russie

“Le Christianisme kievien est à la religion russe ce que Pouchkine est au génie artistique de la Russie : un étalon, une règle d’or, une voie royale" Féclotov.

C'est en 988 que Vladimir, prince de Kiev, décide la conversion de ses sujets au christianisme orthodoxe. Le baptême collectif de ses sujets dans les eaux du Dniepr, marque la naissance de la Sainte Russie.

Les portes du royaume s’ouvrent aux raffinements de la civilisation Byzantine, et la Russie devient l’aile orientale de la chrétienté

L'héritage de Kiev sera gigantesque pour la Russie. Il comprend une langue, une religion, une civilisation et une culture homogène.

En résumant quelque peu l'histoire, on peut dire que l’église est fondatrice de la Russie, agissant comme une sorte de fédérateur lors du rassemblement des terres russes.

L’église orthodoxe, puissante et riche, sera souvent mise à contribution pendant les périodes difficiles. Durant les deux siècles d’occupation mongole, l'église, cachée dans ses monastères forteresses, sera la gardienne de la culture russe, et préservera ainsi l'avenir de la Russie.

Désormais dépositaire de l'identité nationale, l’église orthodoxe russe partage le pouvoir à égalité avec les princes et les tsars.

Avec le pouvoir soviétique, les biens de l'église sont confisqués. En 1914 la Russie compte environ 77 000 églises, contre 6 800 en 1970, mais déjà plus de 17 000 en ce début de troisième millénaire !

Anéantissement et renouveau du clergé russe

Le clergé aussi va payer très cher son allégeance à l’ancien pouvoir : 120 000 moines et moniales, 40 000 prêtres et 600 évêques sont exécutés ou sont morts en déportation. En 1940, il restait seulement quatre évêques et deux cents prêtres dans toute la Russie.

Après la guerre l’étau se desserre un peu, mais les nominations de prêtres ou d’évêques se font avec l’accord du KGB. Jusqu’en septembre 1987, l’église devra fournir au même KGB, l'identité des nouveaux baptisés. On risquait alors de perdre travail et emploi, et d’être accusé de “parasitisme”, le délit de “non travail” qui valait quinze ans de camp !

En 1988 des festivités grandioses, sous la présidence de Mikhaël Gorbatchev lui-même, marqueront le millénaire de la Sainte Russie !

Aujourd’hui, les églises se reconstruisent partout, les vocations ne manquent pas, les monastères sont pleins, baptêmes et mariages religieux se font à la chaîne...

Fréquenter l’église n’est pas simplement une mode, pour le peuple russe c’est le retour vers ses racines et sa culture profonde, marquées par mille ans d’histoire.

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Péréslavl et Rostov-le-Grand

Péréslavl-Zalesski

Après Sergiev Possad, le train file dans lin paysage pittoresque, pour atteindre Péréslavl- Zalesski, petit bourg ancien, étendu au bord du lac Plechtchévo, à 125 kilomètres de Moscou.

Fondée par les Slaves venus des steppes du Dniepr au IX siècle c'était une des villes les plus nordiques de la Russie kievienne. Pour ne pas la confondre avec leur ville d’origine, les habitants ajoutèrent Zalesski à son nom, ce qui signifie “au delà des forêts”

En 1152, Iouri Dolgorouki, le fondateur de Moscou, y construira une imposante forteresse pour contrôler les routes stratégiques ei commerciales menant de Kiev à Rostov-le-Grand. La forteresse occupait 28 hectares, autant que le kremlin de Moscou.

Peuplée d’artisans et de marchands la ville va connaître deux grandes périodes de prospérité, aux XIIème et XVIème siècles.

Sa richesse historique avec ses églises et ses monastères, est étonnante, mais Péréslavl-Zalesski est pourtant aujourd’hui, presque oubliée des voyageurs.

Les bateaux de Pierre-le-Grand

C'est sur son lac, le plus vaste de la région, que le tsar Pierre-le-Grand fera construire en 1688, ses trois premiers bateaux. Trois ans plus tard, en 1691, une centaine de bateaux seront achevés dans les chantiers de Péréslavl, dont deux vaisseaux armés de 30 canons, “Mars" et "Anne", qui participèrent à des manœuvres grandioses sur le lac. La flotte russe venait de naître à Péréslavl !

Un petit musée abrite toujours le "Fortune", construit par Pierre-le-Grand lui-même. Juste devant se dresse un obélisque en granit de Finlande ou est gravé l'oukase de Pierre-le-Grand prescrivant aux habitants de la ville de prendre grand soin de ses navires !

Rostov-le-Grand

Rostov-le-Grand s’étend à quelques verstes* au nord, au bord du lac Nero. C’est encore une ville de la “couronne d’or” de Moscou, fondée officiellement au IXème siècle.

Deux siècles plus tard, Iouri Dolgorouki, encore lui, en fera la capitale de la principauté de Rostov-Souzdal. La ville devient alors Rostov-le-Grand, un titre partagé à l’époque avec une seule autre ville : Novgorod-le-Grand.

Après son annexion par Moscou en 1474, la ville sera totalement oubliée. C’est seulement à partir du XVI siècle, avec l’église, que Rostov-le-Grand retrouvera sa puissance.

Les évêques élevés au rang de métropolites, étaient soumis à la juridiction directe du Patriarche de Russie.

La métropolie de Rostov devient très riche, possédant des centaines de villages, des terres, des forêts à perte de vue, des chasses giboyeuses, et quelques dizaines de milliers de serfs.

Une ville renommée

Cette puissance va se concrétiser au XVIIème siècle, dans un ensemble architectural unique en Russie : la cour du Métropolite, souvent appelé improprement kremlin, et construit à partir de 1651. 11 a donné à la ville une renommée mondiale et une place particulière parmi les autres villes anciennes de Russie. L’approche de la ville par le lac est unique, avec sa muraille blanche, ses tours rondes, ses multiples églises, leurs innombrables bulbes, et son carillon, le plus célèbre de Russie.

Moussorgski s'en est inspiré souvent pour sa musique, et Berlioz est venu spécialement jusqu'ici pour l’écouter.

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